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HANNIBAL Jiri

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Le temps, c’est de l’art

Du 21/11 au 27/11, la Galerie Art et Miss présentera des tableaux de Jiri Hanibal, peintre d’origine tchèque qui savoure chaque instant passé à transformer ce qu’il voit, ceux qu’il aime en art, pour ne pas dire en or... Cette exposition revient sur les dernières années de sa pratique picturale car cet artiste complet s’illustre également en tant que chef décorateur, comme son beau-père avant lui, sur les plateaux de cinéma et de télévision. Une activité qui lui vaut un sens presque inné du cadrage !

Son premier pinceau, c’est son beau-père qui lui met en les mains, à Prague, où il a grandi, sous Alexandre Dubček et le « socialisme à visage humain ». La peinture devient rapidement pour Jiri Hanibal, qui l’étudie dans son pays puis en France, synonyme d’évasion. D’où la nostalgie qui émane de ses tableaux. Outre ses proches, ses filles, sa compagne, ses jouets d’enfant peuvent lui servir de modèles, tout comme le chat borgne de feue sa mère, qui figure, dans des tons sable d’une douceur infinie, sur l’affiche de l’exposition. Une intimité longuement mûrie, sur toile, papier ou miroir, fenêtre ultime sur l’âme.

Diverses sources d’inspiration tendent vers un même but : se complaire, se lover dans l’instant. Rien n’est définitif. C’est pourquoi Jiri Hanibal prolonge autant que possible le processus de création, dont il apprécie chaque seconde. Rien d’étonnant à ce que cet expat esthète ait appris le français en lisant « La Recherche » de Marcel Proust. Dans chaque empâtement, chaque strie, chaque couche de peinture se lit l’épaisseur du temps. La réalisation d’un tableau peut lui prendre presque un an ! Slow Art avant-l’heure hérité de Georges Rouault (1871-1958), peintre et graveur français qu’il tient en haute estime.

Pleine de relief, de caractère, la palette de Jiri Hanibal ne saurait laisser indifférent. Elle puise dans les gammes chromatiques de Goethe et Wittgenstein, oscillant déjà tous deux entre le gris et le doré. Un mariage qui renverse les codes. Ainsi s’opère le glissement du chaud-froid, du clair-obscur vers une sorte de froid-chaud, d’obscur-clair qui donne de l’éclat aux tonalités les plus sombres. Le fantôme de Gustav Klimt (1862-1918) n’est jamais bien loin non plus… Gustave Doré (1832-1883), dont Jiri Hanibal revisitait récemment les illustrations pour la Bible, n’a qu’à bien se tenir !

Un illustrateur en or

Il était une fois de deux amis. Xavier Galmiche, qui entreprend la traduction de Kytice. Un bouquet, anthologie de contes et légendes signée de l’ethnographe et poète romantique tchèque Karel Jaromír Erben (1811-1870). Et Jiri Hanibal, qui relève le défi d’illustrer cette édition bilingue exclusivement au fusain. Le trait libéré de l’artiste n’exclut pas quelques références classiques, à Egon Schiele (1890-1918) et ses silhouettes féminines étirées. Ou encore, dans une composition précise (p. 28), un clin d’œil à Dante et Virgile aux Enfers de William Bouguereau (1825-1905), chef-d’œuvre conservé au musée d’Orsay. Un feu d’artifice de beauté !

A propos de Jiri Hanibal

C’est à Prague que Jiri Hanibal voit le jour en 1964. Élevé au milieu de pinceaux et de caméras, il passe cinq ans à l'Académie des Beaux-arts de sa ville natale. Son cycle d’études s’achève à Paris, à l’Ecole des Beaux-arts, d’abord, sous la tutelle du peintre belge Pierre Alechinsky (né en 1927) ; à l'Ecole des Arts Décoratifs, ensuite. À l’affiche du Salon des indépendants de 1998, Jiri Hanibal résout pourtant de s’écarter du marché de l’art, afin de préserver cette liberté qui vaut de l’or à ses yeux et lui permet d’exister, en tant que peintre et... chef décorateur pour les petits et grands écrans.

Sarah Belmont

Exposition personnelle - Novembre 2022

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